Le Prix de l’Innovation Rurale valorise vos projets d’impact !

Le 26 novembre 2021


Suite au succès de la première édition, l'université Paris-Dauphine relance le Prix de l'Innovation Rurale dans le but de récompenser les innovations qui contribuent à améliorer le quotidien des habitants et professionnels du monde rural.

Si le Prix avait déjà recueilli 92 candidatures, dans 55 départements, et distingué 11 projets lors de sa première édition, il promet en 2022 davantage de financements, de visibilité, et de projets !

Zoom sur un dispositif à la charnière entre les territoires ruraux et le monde académique avec Paul-Mathieu Caitucoli, Doctorant et Fondateur du Prix de l'Innovation Rurale.

Pourquoi avoir créé le Prix de l'Innovation Rurale ? Votre expérience d'élu municipal a-t-elle contribué à sa création ?

Le Prix de l'Innovation Rurale est né d'un constat issu de mon travail de thèse sur l'attractivité des territoires ruraux, mené à l'Université Paris Dauphine-PSL sous la direction de Valérie Guillard et Fabrice Larceneux.

Souvent, lorsque l'on parle de la ruralité, on évoque une situation de déprise, de désertification, de dévitalisation et de tout autre mot avec le préfixe -dé. Or, l'inventivité de nombreux acteurs attachés à leur territoire et mus par la volonté de le développer est aussi une réalité rurale. Nos territoires ruraux regorgent d'idées et d'énergies qu'il faut valoriser, accompagner et surtout pérenniser.

Notre objectif est donc de témoigner de cette ruralité positive et audacieuse, sans faire fi des contraintes auxquelles se heurtent les projets pour se développer.

Pour qu'ils aient un impact sur la dynamique locale, les projets doivent devenir de véritables repères pour les acteurs locaux. Cela suppose une stabilité dans le temps, d'où l'importance de l'ingénierie et de l'accompagnement. Cela a été un des premiers enseignements de mon mandat de conseiller municipal de Moca-Croce (Corse-du-Sud), même si je dois bien admettre que l'idée de ce Prix est née dans l'Allier, à l'occasion d'une journée d'étude le 25 novembre 2019 organisée par Jean Mallot, Président du Jury.

Nous avions notamment évoqué le rôle prépondérant que peuvent jouer les universités, avec les ressources que constituent les chercheurs et les étudiants, dans l'accompagnement des innovations rurales.

Le Prix de l'Innovation Rurale en est à sa deuxième édition. Avez-vous des exemples de projets lauréats de la précédente édition ?

Lors de la première édition, le jury a distingué 11 projets représentatifs des défis que rencontrent nos territoires ruraux. Nos lauréats apportent des solutions concrètes à l'urgence climatique, à la transition agricole ainsi qu'aux problématiques d'accessibilité au sens large : soins, numérique, emploi.

Deux projets ont particulièrement retenu l'attention du jury :

  • La plateforme « Coclicaux », qui met en relation des professionnels de l'agriculture avec les artisans des métiers de bouche, permettant de mutualiser les frais de livraison et de stockage des produits alimentaires locaux.
  • La start-up de robotique agricole « Agreenculture », pour la création du robot CEOL, qui permet des actions de binage et de broyage. Aujourd'hui, le produit est en phase de pré-commercialisation auprès de 10 bêta-testeurs avant une mise sur le marché en 2022.

Notons que notre partenaire le CEREMA a également remis un prix spécial au projet « Cœur de Beauce Mobilité ». La Communauté de Communes Cœur de Beauce développe une plateforme de covoiturage vers les zones d'activité du territoire, complétée par la diffusion d'offres d'emploi et de logement (service assuré par Action Logement). Pour initier le service, l'établissement public a mis gracieusement 7 voitures électriques à la disposition des employés de la zone d'activités d'Artenay-Poupry.

Le Prix a-t-il vocation à inspirer d'autres collectivités et à essaimer les projets lauréats ?

Nous avons conçu le Prix de l'Innovation Rurale précisément pour identifier et diffuser des modèles d'innovation, porteurs de développement territorial.

Pour ce faire, nous publierons à chaque prochaine édition un recueil d'innovations rurales dans lequel tous les projets candidats seront exposés. Ce recueil sera ensuite diffusé à nos partenaires ainsi qu'aux réseaux d'élus, aux représentants consulaires, à la presse. Nous allons également solliciter nos lauréats pour présenter régulièrement l'avancée de leurs projets, à l'occasion d'interviews et de tables-rondes.

La particularité de ce Prix est notamment son portage par l'université Paris-Dauphine. Pourquoi le monde académique s'intéresse-t-il aux innovations sociales / rurales ?

L'originalité du Prix de l'Innovation Rurale est effectivement d'avoir une orientation académique.

Contrairement à l'image que l'on peut en avoir, les universités sont aujourd'hui des acteurs à part entière de l'économie mondiale, mais aussi locale. L'économiste Edward Glaeser (2011) a montré que dans les territoires américains, une hausse de 10% de la population disposant d'un diplôme post-bac est corrélée à une croissance de 22% du PIB/habitant.

Les universités contribuent activement, par la formation des étudiants, leur politique d'insertion professionnelle et leurs travaux scientifiques à l'émergence d'innovations de pointe, dans les domaines technologiques certes, mais aussi organisationnels et sociaux.

Les étudiants et les chercheurs sont autant de ressources précieuses pour accompagner, étudier et faire connaître les innovations rurales pour qu'elles essaiment.

L'écosystème de l'Université Paris Dauphine-PSL, qui depuis sa création a fait du lien avec les milieux socio-économiques un axe fondamental de sa politique, facilite le déploiement du Prix.

Notre Président El Mouhoub Mouhoud a également mis au cœur de sa politique la formation de citoyens responsables[1]. L'université forme des professionnels mais aussi de nouvelles générations qui auront à traiter des défis immenses. La ruralité et plus largement l'organisation de la vie quotidienne dans les espaces peu denses en font partie.

[1] https://www.mondedesgrandesecoles.fr/leconomiste-el-mouhoub-mouhoud-elu-president-de-luniversite-paris-dauphine-psl/

En tant que chercheur, quels enseignements avez-vous tiré de la première édition du Prix ?

Incontestablement, la première édition du Prix de l'Innovation Rurale a été riche d'enseignements. Une étude des 92 dossiers reçus dans ce cadre est en cours et fera l'objet d'une publication au début de l'année 2022.

Nous avons tout de même déjà identifié un certain nombre de caractéristiques et de facteurs clés de succès des innovations rurales.

En premier lieu, il y a parmi ces dernières de nombreuses innovations dites sociales : nous en avons dénombré 58/92. Ces projets viennent répondre à des besoins sociaux identifiés, peu ou mal satisfaits lorsque la coopération de tous les acteurs concernés (État, associations, entreprises, usagers...) est défaillante. Ces innovations répondent à des contraintes spécifiques, notamment l'accessibilité aux services publics, à l'emploi, à la culture, à la santé. Elles se saisissent d'enjeux globaux (agriculture, transition écologique), adaptés localement. Dans les deux cas, l'innovation rurale vise à agir sur les parcours quotidiens des habitants. Elle comporte ainsi une forte dimension inclusive.

L'inscription des innovations dans les projets de territoire et la capacité à mobiliser et fidéliser les acteurs locaux est un facteur de succès majeur.

La réussite des projets dépend donc de plus en plus de facteurs dits « soft » : la capacité à coopérer, à mobiliser des réseaux, ou encore la présence d'un esprit entrepreneurial.

Si le soutien financier de la puissance publique est déterminant en phase d'amorçage, la pérennité des projets passe par la construction d'un modèle économique autonome.

Pour cette deuxième édition, de quelles récompenses vont bénéficier les lauréats du Prix ?

Grâce à nos partenaires, que je tiens à citer et remercier (La Poste, GRDF, AESIO, la Fondation RTE, le CEREMA, le Labo Rural, Familles Rurales, l'Agence Nationale de la Cohésion des Territoires et l'Association des Maires Ruraux de France), nous avons prévu 5 types de récompense, que le jury répartira entre plusieurs lauréats :

  • Une enveloppe financière d'au moins 15.000 euros ;
  • Une visibilité et un gain de notoriété grâce à une campagne de presse dans les territoires (Presse Quotidienne Régionale).
  • Une mission d'ingénierie réalisée par un de nos partenaires.
  • La réalisation de trois reportages vidéos .
  • La mise à disposition d'un groupe d'étudiants pendant un semestre pour développer son projet . Dans un contexte rural marqué par des besoins d'ingénierie, cette récompense vise à accélérer le déploiement des projets ainsi qu'à sensibiliser une jeune population urbaine aux enjeux des territoires ruraux.

Quelles sont les nouveautés et les évolutions par rapport à l'édition précédente ?

La 1ère édition du Prix de l'Innovation Rurale avait vocation à poser les bases de notre projet. Nous avons pu, grâce à la qualité des candidatures, nous faire connaître dans de nombreux territoires et auprès de nombreux acteurs intéressés par les enjeux ruraux.

La 2ème édition est placée sous le signe de l'accélération et de l'ancrage du projet.

Notre objectif reste inchangé. Il s'agit de mettre en valeur les acteurs qui innovent et apportent des solutions concrètes au quotidien rural. Pour ce faire, nous finançons des projets, nous leur apportons le regard de nos étudiants, nous les rendons visibles, et nous les étudions pour créer des connaissances sur l'innovation rurale.

Cette année, il y aura davantage de financements, davantage de visibilité, et davantage de projets en lien avec les lauréats et les partenaires.

J'insiste également sur l'importance que nous accordons aux relations partenariales. Nous cherchons à construire des liens de confiance à long terme. Ainsi, nous sommes engagés avec eux sur plusieurs projets. Nous pouvons citer le travail effectué par 8 étudiants avec Familles Rurales sur l'évaluation d'impact de leur fonds de dotation Rural Mouv ou encore l'étude de 5 étudiants sur la gouvernance des projets de méthanisation agricole, en lien avec GRDF.

A quel.s type.s de bénéficiaires s'adresse le Prix ?

Les candidatures sont ouvertes à toute innovation portée par une personne morale (collectivités, associations, entreprises, agriculteurs) et permettant une amélioration du quotidien des habitants et professionnels du monde rural.

Quels sont ses critères d'éligibilité ?

Les projets doivent se situer ou avoir un impact sur les communes peu denses ou très peu denses telles que définies par l'INSEE. Les candidats peuvent retrouver la liste des communes selon leur grille de densité : https://www.insee.fr/fr/information/2114627

Les projets doivent également s'inscrire dans une des thématiques suivantes :

  • Agriculture et alimentation
  • Environnement et biodiversité
  • Mobilité
  • Santé
  • Numérique
  • Culture et éducation
  • Services aux publics (tiers-lieux inclus)
  • Commerces de proximité

Quelles sont les modalités pour candidater au Prix ?

Le jury évaluera les candidatures sur la base d'un dossier comprenant un résumé opérationnel (5 pages maximum). A titre indicatif, nous proposons aux candidats de suivre le plan suivant :

  1. Présentation des porteurs de projet
  2. Le projet : genèse et principes
  3. Les impacts estimés sur le quotidien rural
  4. Réflexions sur l'avenir du projet

Pour aller plus loin :


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