Et si la recherche d'aides commençait par une acculturation en interne !

Le 10 février 2022

Découvrez comment Christine Pillaud Rami, avec beaucoup d'envie et d'énergie, a réussi à ancrer la recherche d'aides dans les réflexes de tous les services de la commune de Saint-Fons permettant ainsi de faire émerger de nombreux projets dans la collectivité.

Christine Pillaud Rami a été la Directrice générale de la ville de Saint-Fons (19600 habitants), dans la métropole de Lyon, de 2016 à 2021, actuellement elle est Directrice Générale des Services de SIGERLy . Bonne lecture !



Quelle était la situation de Saint-Fons lorsque vous y travailliez ?

"Mon objectif était de changer le regard sur le territoire"

Saint-Fons, c'est 75% de la ville en Quartier Politique de la Ville (QPV), 45 % de la population qui a moins de 30 ans, une grande précarité sociale mais aussi technique puisque presque 50% du territoire est en zone de risques industriels. C'est un territoire avec de grands besoins en termes de services et d'équipements , liés à la population, aux déplacements, à l'aménagement et d'importants projets dans les QPV dans les domaines de l'éducation, de la culture, du sport, ou en rénovation du patrimoine.

Face à ces besoins et son ambition, la ville de Saint Fons, deuxième commune la plus précaire de la métropole, souffrait d'un manque de financements : il a donc fallu aller chercher des moyens financiers complémentaires.

Comment vous êtes-vous organisés pour trouver des financements complémentaires ?

"Une acculturation à la recherche de financement dans tous les services !"

L a contrainte budgétaire a été le moteur de cette acculturation , nous avions une injonction d'urgence. En parallèle de la méthode institutionnelle de recherche d'aides, nous avons initié une acculturation dans toutes les directions , notamment sur les politiques sociales (animation des jeunes, recherche d'emploi, etc.). Nous avons pris la décision de ne pas dédier une seule personne à la recherche de financements car, pour nous, il était impossible d'englober la complexité de tous les projets.
L'acculturation a commencé au comité de direction et s'est diffusée dans les services ! Le réflexe d'aller chercher des aides s'est développé secteur par secteur : sur le sport, le bâtiment et la culture (en lien avec les services techniques). Chacun est allé chercher les aides disponibles sur chaque projet !

Comment avez-vous impliqué vos collaborateurs dans cette démarche ?

"Un état d'esprit collectif et de l'autonomie"

Pour moi, la recherche d'aides s'apparente au système D et demande des talents d'entrepreneur ! Pour aller jusqu'au bout des projets et de leurs financements, il faut comprendre le sens du projet. Notre mode de gouvernance prônait l'autonomie et la responsabilisation. S'identifier au portage et être impliqué dans le résultat du projet permet de donner envie de s'investir. Pour cela, il était important de ne pas segmenter les projets !

Qui était en charge de mettre en oeuvre et de suivre la demande de financement ?

"C'est le chef de projet qui s'occupait de la candidature jusqu'à l'obtention de l'aide !"

Il est essentiel de comprendre le cadre de l'aide pour adapter la description du projet. Le chef de projet détient la connaissance du sujet. Il s'occupait donc de la candidature et des échanges avec le financeur. Ainsi, il tissait des liens avec le porteur d'aides . La direction des finances suivait ensuite l'obtention des fonds.

Quel temps dédiez-vous à la recherche d'aides ?

"Entre 20 et 50% du temps dédié à l'obtention d'aides"

Dans l'équipe cadre d'une cinquantaine d'agents, une vingtaine étaient impliqués dans la recherche d'aides. Le temps consacré à la recherche et à l'obtention d'aides pouvait varier suivant la direction : de 20 à 30% pour la Direction des sports, jusqu'à 50% pour la Direction éducation, culture, jeunesse ou pour la Direction politique de la ville. Dans ce cadre, Aides-territoires nous a fait gagner du temps en centralisant les aides et en nous alertant individuellement par mail sur les nouveaux dispositifs correspondant à nos projets !

Comment étaient validés les projets ?

"Un projet sans subvention n'était pas validé par le comité de direction !"

L'indicateur pour valider un projet était le reste à charge et non le montant du projet. Notre collectivité n'est pas soumise à la contractualisation nous pouvions avoir ce type de démarche (3⁄4 des communes sont non contractualisées, elles n'ont pas de pourcentage plafond encadrant leurs dépenses de fonctionnement). Grâce à cette méthode, de nombreux projets ont pu voir le jour avec souvent plus de 50% et parfois jusqu'à 80% de financements , comme par exemple pour un gymnase de 5 millions d'euros !

Aviez-vous d'autres mode de financements ?

"L' engagement des acteurs de territoires : de la matière grise en circuit court."

Nous sommes aussi allés chercher des financements privés via du mécénat classique par le biais d'un référent interne (ici le directeur du centre d'arts plastiques) : les entreprises sponsorisaient des événements.

Nous nous sommes rendu compte qu'il fallait engager tout le territoire . C'est sur la base de l'Agenda 2030 des 17 engagements de développement durable, aidé par l'agence d'urbanisme et soutenu par la métropole, que nous avons engagé une démarche participative avec toutes les forces vives du territoire . Cette démarche, sous forme d'ateliers, nous a aussi permis d'initier du mécénat de savoir (mise à disposition de temps humain de cadres d'entreprises du territoire).

Si vous deviez résumer cette expérience en quelques mots ?

Aller chercher des aides, c'est une état d'esprit , ce n'est pas parce que l'idée est bonne que le projet verra le jour. Nous devons engager les forces vives , les convaincre que c'est un bon projet et que leur participation financière est essentielle pour les habitants.

Merci à Christine Pillaud Rami de nous avoir partagé son temps et son expérience !

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Léa Landrieu

lea.landrieu@beta.gouv.fr

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